Internet, un grand self-service

Comme bon nombre de photographes amateurs, je reçois des demandes d’utilisation de mes photographies. Le plus souvent pour illustrer des plaquettes publicitaires, une page web, etc…

La dernière en date m’a fait plutôt bondir et a été, pour ainsi dire, la goûte d’eau qui à fait déborder le vase…

Copyright Sébastien BrièreUne boîte de com est intéressée par quelques photographies exposées dans mes galeries sur internet. Jusque là tout va bien et il est vrai que c’est plutôt flatteur.

Donc, je décide d’organiser une prise de contact par téléphone pour que nous puissions en discuter. Je précise de suite que ce n’est pas la première fois que je suis démarché ainsi. Par conséquent, je sais pertinemment ce qui m’attend…

Une femme charmante me donne donc les grandes lignes de son projet, pour résumer: « une grande marque de téléviseurs met à disposition des écrans plats dans le hall d’un grand hôtel parisien. Cette boîte de com. a pour mission de monter des expositions « tournantes » sous forme de diaporamas diffusés sur les téléviseurs ». Jusque là tout va bien.

En revanche tout se gâte lorsque la personne me dit : « … par contre, nous n’avons pas de budget pour le photographe, mais attention, le nom de l’auteur sera cité, avec une bio, et patati et patata, etc.« .

Je n’ai aucun statut particulier si ce n’est celui de photographe amateur… à la rigueur de photographe auteur. Je ne fais pas de photographie dans un but lucratif, j’ai un métier, un salaire, etc. En revanche, comme n’importe qui, dès lors que je produis une « oeuvre » artistique, je suis en mesure de réclamer des droits d’auteur dans le cas où une entreprise, une collectivité, etc. souhaiterait utiliser mes images.

Vendre mes photographies n’est donc pas une fin en soi. Cependant, n’étant pas de nature hypocrite, je dois dire que vendre des tirages, une photographie de temps en temps, etc. peut permettre de mettre du beurre dans les épinards, surtout quand on sait que la photographie est une passion coûteuse (en temps et en argent). Et quand bien même, se faire rémunérer lorsque on cède le fruit d’un « travail » même artistique est somme toute normal. Bien sûr pour ceux qui souhaitent en vivre c’est d’autant plus une évidence.

Tout cela, vous l’aurez compris pour pousser un coup de gueule contre tous ceux qui pensent que la photographie est une « denrée » gratuite. Ceux qui pensent que, dès lors que les photographies sont exposées sur le web, alors elles sont libres de droit.

Je ne parle même pas des voleurs qui utilisent les images sans en informer l’auteur, je parle bien de ceux qui, sans vergogne, contactent les auteurs en espérant qu’ils leur cèderont les droits sans contrepartie financière. Surtout pour ceux dont je sais pertinemment que payer du droit d’auteur ne sera pas forcement un soucis financier.
Lorsque ce n’est pas le cas, je réfléchis plus longuement, je pense aussi qu’il faut savoir donner dans certains cas.

Je ne comprends pas que dans ce pays, les photographes auteurs, voire la photographie d’une manière générale, soient désormais aussi mal considérés ! La faute à qui, à quoi ? à internet, au boum du numérique ? Bof, c’est surtout la faute à une société de roublards prêts à user de la crédulité des gens.

Je comprends qu’un photographe puisse être flatté par ce type de démarche. Avoir son nom cité, une petite bio dans un tout petit encart au milieu d’une publicité pour des téléviseurs, ça fait du bien à l’ego. Mais personnellement, j’ai passé ce stade depuis bien longtemps. Surtout lorsque le gentil demandeur est une boîte de com travaillant pour une grande marque de téléviseur et un grand hôtel parisien : « pas de budget pour le photographe… » N’est-ce pas prendre les gens pour des imbéciles ?

Chacun est libre de faire ce que bon lui semble de ses photographies. Je ne cherche pas à donner des leçons à mes amis photographes. Par contre j’ai un message pour ceux qui souhaitent utiliser mes images gratuitement : PASSEZ VOTRE CHEMIN !

Plus il y a de fous, plus on rit : Le coup de gueule de Cédric Girard

11 thoughts on “Internet, un grand self-service

  1. Je m’associe à ce coup de gueule. Je dirais même que ceux qui ont le plus d’argent sont parfois les premiers à essayer d’arnaquer les photographes (j’ai eu le cas avec Sony BMG…)

    Et je rappelle pour ceux qui ne le savent pas que lorsqu’une photo est utilisée, la citation de l’auteur est obligatoire, c’est la loi ! Donc l’échange « tu me donnes ta photo, je mets ton nom », c’est le comble du foutage de gueule.

  2. « la citation de l’auteur est obligatoire »

    Absolument, merci d’appuyer là dessus.

    Merci pour ton avis 🙂

  3. 100% d’accord avec toi seb, pro ou simple amateur, y en a marre de ces demandes de photos gratuite. Les gens pensent que faire une photo c’est facile, mais ils oublient (un peut trop vite) tout le travail qu’il y a derrière… les allez/retour pour trouver la bonne lumière, le bon point de vue, le bon cadrage, la bonne saison, sans parler du trie, de l’indexation des photos, de la création et la maintenance du site pour présenter les photos sur le net et je ne parle même pas du matos…

    Bref, ma réponse favorite pour ce genre de demande c’est : « ben, faite la photo vous même alors, si c’est tellement facile et me faite pas perdre mon temps… »

  4. +1 pour ton coup de gueule !!!!

    On est vraiment la dernière roue du carosse….. Ils ont l’argent pour le graphiste, l’imprimeur, le maquettiste, mais pour le photographes il reste plus rien….. Un gros foutage de gueule !!

  5. ça devient la mode … aprés les fotolia et compagnie …

    et pour le coup, ce n’est pas uniquement dans le monde la photographie, prends les logiciels libres, les devs d’OpenSSH ont du faire appel aux dons alors que c’est le logiciel utilisé sur des milliers et des milliers de serveurs de grosses boites … mais le soft est gratuit, on peut se servir s’en jamais rien donner en retour …

  6. Oui, hélas le « don » demandé n’est pas le seul appanage des boites de com, nombreux sont les petits éditeurs locaux à fonctionner ainsi. Ton nom contre une parution !
    Pour en revenir aux agences de com, elles fonctionnent de la même manière avec leur personnel. On te fait miroiter monts et merveilles et puis… salut !
    Pz

  7. Je m’associe à ton coup de gueule photographiquement parlant bien entendu.
    J’ajoute même le son : GRAAAA !

    Vincent

  8. moi on m’a acheté une dizaine de photos de tags et graffitis j’ai été pris de court je savais pas quel prix demandé mais j’ai toujours refusé de donner les négatifs, que sont elles devenues? je crois en avoir aperçues dans des vidéos de chansons.

  9. Alors là, oui, mille fois oui…. la photographie c’est tout un travail… Mais voilà en France, l’art photographique, tout comme la peinture, la sculpture, et tant d’autres formes artistiques ne sont pas reconnus à leur juste valeur.
    Je fais modestement, en amateur, de la peinture et de la photographie… je sais ce que c’est !!!!! à bientôt j’espère sur MySpace… Nathalie

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